Ça ne me plaît pas. Pas du tout.
Il me semble que j'ai encore à faire avant le grand départ. Et le temps va me manquer.
Illusion ? Vains désirs ? Rien n'est jamais tout à fait pur chez les humains - dont je suis.
Il me semble pourtant que ce que je désire voir paraître - pas nécessairement par moi, mais du moins à quoi je participerai - c'est du côté de la vie. Et de l'urgence.
Et je commence ce blog. J'écris. D'autres vont passer, certains sans s'arrêter, d'autres en lisant, en m'écoutant. Impressionnant.
J'espère parler plus loin de ce que j'appelle la communauté invisible. En écrivant ici, j'y suis. Ceux qui me lisent (si du moins ils y trouvent goût !) sont avec moi. Ce sont des proches que je ne connais pas et qui, pour la plupart, me resteront inconnus. Relation étrange. Frustrante. Ecrire ainsi, c'est en un sens parler... dans le vide. Et pourtant, ce vide est habité.
C'est déjà la situation où l'on est quand on publie des livres (c'est mon cas !). Mais je l'éprouve ici différemment. C'est comme si le blog autorisait une liberté, un laisser-aller que le livre, composé, conclu, faisant oeuvre, ne permet pas, ou pas de la même manière. Il y faut ordre et composition ; ici, je m'autorise le désordre.
Je commence. J'aime commencer. "De commencements en commencements" : c'est Grégoire de Nysse, je crois, qui a dit cela. Je ne sais pas si je saurai trouver le ton juste, à la fois tout proche de la conversation et suffisamment élaboré pour ne pas verser dans le bavardage et les états d'âme sans intérêt. Du moins je me donne ici le droit de tâtonner, d'essayer, d'abandonner ou reprendre tel thème annoncé, bref d'être dans ce moment de recherche qu'un livre n'autorise guère. Ai-je tort ? Ai-je raison ? On verra.
Où j'en suis ? A la fin de ma vie, bien sûr. Avec le désir, intact, de voir naître, parmi les humains, ce dont l'urgence ne fait que croître : un mode de vie, un mode de pensée (les deux ne font qu'un) qui soit à la hauteur de la crise prodigieuse où nous sommes engagés.
Or, il me semble que cette exigence-là met fin, paradoxalement, à ce qui fut l'une des grandes ambitions des "modernes" : le discours sur (sur Dieu, sur l'être, sur l'homme, sur la science, sur tout), le survol, la place privilégiée du critique qui n'est pas atteint par ce dont il parle. Oh, cette attitude n'a pas disparu. Les plus hyper-critiques savent ce qu'il en est de l'objet de leur pensée ! Et bien sûr, je peux tomber moi-même dans ce travers. Pourtant, ce que nous vivons est tel qu'il s'agit plutôt de tracer chemin dans une immensité, forêt, désert ou océan, que nous ne survolons pas.
J'espère être dans cette humilité, quand offrir une pensée c'est donner à quelques-uns peut-être de quoi éclairer leur expérience.
J'envisage quelques rubriques. Peut-être disparaîtront-elles quand j'essaierai de m'y mettre. Ou bien se déplaceront-elles. Citons provisoirement :
- Où j'en suis
- La communauté invisible ... de ceux que ne réunit pas une appartenance ou une étiquette et qui pourtant habitent la même région (spirituelle, s'entend)
- L'utopie réaliste, c'est-à-dire : ce qui n'est pas prévisible dans le système actuel, mais peut et doit être créé.
- Projets : ce que je souhaiterais explorer, décrire, analyser, proposer. Bref, projets de livres.
- Foi, sagesse et raison, c'est-à-dire qu'en est-il de ce qui, aujourd'hui, peut paraître encore et orienter et ordonner la vie des humains ?
- L'éventail : non pas le discours suivi, mais les thèmes et questions surgissant à partir d'une préoccupation centrale. Un côté "boîte à idées".
- Récits et paraboles. Peut-être... Mais cela ne se commande pas : ça vient ou non.
- Connexions. J'aimerais que ce blog ne soit pas seulement "mon affaire", qu'il y ait lien avec d'autres. La formule est à trouver ; car le forum "ouvert à tous" risque d'assez vite s'encombrer.
Janvier 2014